Après s'être reposés quelque temps, ils mangèrent à leur déjeuner deux montagnes que leurs gens leur apprêtèrent assez proprement. Ensuite ils voulurent reconnaître le petit pays où ils étaient. Ils allèrent d'abord du nord au sud. Les pas ordinaires du Sirien et de ses gens étaient d'environ trente mille pieds de roi ; le nain de Saturne suivait de loin en haletant ; or il fallait qu'il fît environ douze pas, quand l'autre faisait une enjambée : figurez-vous (s'il est permis de faire de telles comparaisons) un très petit chien de manchon qui suivrait un capitaine des gardes du roi de Prusse.
Comme ces étrangers-là vont assez vite, ils eurent fait le tour du globe en trente-six heures ; le soleil, à la vérité, ou plutôt la terre, fait un pareil voyage en une journée ; mais il faut songer qu'on va bien plus à son aise quand on tourne sur son axe que quand on marche sur ses pieds. Les voilà donc revenus d'où ils étaient partis, après avoir vu cette mare, presque imperceptible pour eux, qu'on nomme la Méditerranée, et cet autre petit étang qui, sous le nom du grand Océan, entoure la taupinière. Le nain n'en avait eu jamais qu'à mi-jambe, et à peine l'autre avait-il mouillé son talon. Ils firent tout ce qu'ils purent en allant et en revenant dessus et dessous pour tâcher d'apercevoir si ce globe était habité ou non. Ils se baissèrent, ils se couchèrent, ils tâtèrent partout ; mais leurs yeux et leurs mains n'étant point proportionnés aux petits qui rampent ici, ils ne reçurent pas la moindre sensation qui pût leur faire soupçonner que nous et nos confrères les autres habitants de ce globe avons l'honneur d'exister.
Le nain, qui jugeait quelquefois un peu trop vite, décida d'abord qu'il n'y avait personne sur la terre. Sa première raison était qu'il n'avait vu personne.
Capítulo 4
Lo que les sucedió en el globo terráqueo
Después de reposar un poco, almorzaron un par de montañas que les guisaron sus criados con mucho aseo. Quisieron luego reconocer el mezquino país donde se hallaban y marcharon de Norte a Sur. Los pasos que daban el siriano y sus acompañantes abarcaban unos treinta mil pies cada uno. Seguíales de lejos el enano de Saturno, que perdía el aliento, porque tenía que dar doce pasos mientras los otros daban una zancada. Iba, si se me permite la comparación, como un perrillo faldero que sigue a un capitán de la Guardia del rey de Prusia.
Como andaban de prisa, dieron la vuelta al globo en veinticuatro horas; verdad es que el Sol, o por mejor decir, la Tierra, hace el mismo viaje en un día; pero hemos de convenir que es cosa más fácil girar sobre su eje que andar a pie. Volvieron al fin al sitio de donde partieron después de haber visto la balsa, casi imperceptible para ellos, denominada mar Mediterráneo y el otro pequeño estanque que llamamos gran Océano y que rodea nuestra madriguera; al enano no le llegaba el agua a media pierna y apenas si se mojaba el otro los talones. Fueron y vinieron arriba y abajo, procurando averiguar si estaba o no habitado este mundo; agachándose, tendiéronse lo más posible palpando por todas partes; pero eran tan enormes sus ojos y sus manos en relación con los seres minúsculos que nos arrastramos aquí abajo, que no lograron captar nuestra presencia, ni siquiera sorprender algún indicio que la revelase.
El enano, que a veces juzgaba con ligereza, manifestó terminantemente que no había habitantes en la Tierra; basado en primer lugar en que él no veía ninguno.
Micromegas
Voltaire
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