miércoles, 8 de octubre de 2008

Voyage dans la Lune

Voyage dans la Lune et Histoire comique des états et empires du Soleil
La lune était en son plein, le ciel était découvert, et neuf heures du soir étaient sonnées lorsque, revenant de Clamart, près de Paris (où M. de Cuigny le fils, qui en est seigneur, nous avait régalés, plusieurs de mes amis et moi), les diverses pensées que nous donna cette boule de safran nous défrayèrent sur le chemin. De sorte que les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l'un le prenait pour une lucarne du ciel par où l'on entrevoyait la gloire des bienheureux ; tantôt un autre, persuadé des fables anciennes, s'imaginait que possible Bacchus tenait taverne là-haut au ciel, et qu'il y avait pendu pour enseigne la pleine lune ; tantôt un autre assurait que c'était la platine de Diane qui dresse les rabats d'Apollon ; un autre, que ce pouvait bien être le soleil lui-même, qui s'étant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu'on faisait au monde quand il n'y était pas. « et moi, leur dis-je, qui souhaite mêler mes enthousiasmes aux vôtres, je crois sans m'amuser aux imaginations pointues dont vous chatouillez le temps pour le faire marcher plus vite, que la lune est un monde comme celui-ci, à qui le nôtre sert de lune. Quelques-uns de la compagnie me régalèrent d'un grand éclat de rire. « Ainsi peut-être, leur dis-je, se moque-t-on maintenant dans la lune, de quelque autre, qui soutient que ce globe-ci est un monde. » Mais j'eus beau leur alléguer que Pythagore, Epicure, Démocrite et, de nôtre âge, Copernic et Kepler, avaient été de cette opinion, je ne les obligeai qu'à rire de plus belle.


Historia cómica o viaje a la luna
Estaba la Luna en el lleno y el Cielo despejado, y ya habían sonado las nueve de la noche cuando, regresando de Clamart, cerca de París (cuyo actual mayorazgo, el señor Cuigy, nos había obsequiado a mis amigos y a mí), los múltiples pensamientos que esa bola de azafrán nos sugirió fue divirtiéndonos durante nuestro caminar; porque con los ojos anegados en ese gran astro, ya lo consideraba alguien como una buhardilla del cielo; ya otros aseguraban que era la plancha con que Diana saca brillo a la pechera de Apolo, y otros creían que bien podría ser el Sol, que habiéndose despojado de sus rayos por la tarde miraba por un agujero lo que pasaba en el mundo cuando él no estaba alumbrándolo. «Y a mí, les dije yo, que me complace unir mis entusiasmos con los vuestros, me parece, sin que me seduzcan vuestras agudas hipótesis, con las que pretendéis distraer al tiempo para que pasa más de prisa, me parece, os digo, que la Luna es un mundo como este nuestro, y que a su vez la Tierra sirve de Luna a esa que veis vosotros».
Algunos de mis compañeros soltaron una gran carcajada cuando yo hube dicho tales razones. «Puede ser, les repliqué yo, que en la Luna haya también algunos que en este momento se estén burlando de cualquiera que afirme que este globo nuestro es un mundo.» Pero por más que les quise convencer de que esa opinión mía era la de muchos grandes hombres,Pitágoras, Epicuro, Demócrito y en nuestra época, Copérnico y kleper, no conseguí que dejasen de reír, como lo estaban haciendo de muy buena gana.

Viaje a la Luna
Hercule Savinien Cyrano de Bergerac

2 comentarios:

Gavilán dijo...

Una señora entrada, rediós.

Ar Lor dijo...

Gracias, Gavilán.